Vendredi 2 mars 1917
Cher Jean.
Bonjour. Votre lettre me fait le plus grand plaisir & demain, je la ferai lire à votre maman. J’étais tout triste : je n’avais pas de vos nouvelles. Tant mieux, que tous vous travaillez à tour de bras. Moi idem, je travaille dans mon petit coin, sans faire de bruit, ainsi que le font les animaux timides.
Mille politesses à Picasso.
J’écris au bon Directeur & à notre bon Massine.
Je vous souhaite le bonjour, car je vais me mettre à table pour faire mon repas de midi : l’anguille est sous roche & me regarde amicalement, avec une sorte de tendresse émue.
Je l’aime surtout froide.
Je tourne sur moi-même.
E.S