Mantra Vexations

Erik_Satie_Verre

Eduardo Sérgio nous livre son analyse personnelle des Vexations :

 

Essai en matière ésotérique où l’on déduit que l’œuvre si controversée.« vexations » du rosecrucien Erik Satie n’aura pas une exécution de dix neuf ou bien davantage d’heures, mais seulement de treize minutes.
Essai où plutôt on avance que « Vexations » est un mantra lequel doit être naturellement interprété avec la voix humaine instrument omnidisponible

 

Sommaire :

  • DU NOMBRE 840 ET DE SA SIGNIFICATION
  • DE LA PARTITION : UN THÉME ET DEUX HARMONISATIONS
  • DU TITRE
  • DE L’ÉTABLISSEMENT DE L’UNIVERS DU TIMBRE
  • DES (QUELQUES) CONCLUSIONS
  • LA PARTITION SOPRANOS ALTOS TÉNORS BASSES

 

TOUTE LA VÉRITÉ EST DANS L’INSTINCT  ET NOUS SOMMES TROMPÉS PAR LA CONNAISSANCE : LA GRANDE LEÇON DE SATIE EST CELLE-CI

FEDERICO MOMPOU, 1893-1987

 

 

                     03 — 04 — 05

                    

                     02      07 — 06

 

 29 — 30      01      08 — 09 — 10 — 11

   

 28      31 — 32      00      16 — 15      12

 

 27 — 26 — 25 — 24      17      14 — 13

 

                     22 — 23      18

 

                     21 — 20 — 19

 

 

 

 

 

 

AUTEUR : EDUARDO SERGIO

NÉ LE 11 AVRIL 1937

LISBONNE 2004

 

VEXATIONS de Erik Satie

 

Essai d’objectivation musico-visuelle d’un Mantra

 

  • Du Nombre et de sa signification

 

Depuis que, en 1984, j’ai écouté Vexations pour la première fois, ma curiosité n’a cessé de croitre à propos des multiples éléments énigmatiques qui entourent cette œuvre d’Erik Satie. Composée, croit-on, autour de 1893 elle a été offerte à la curiosité de John Cage en 1949 et, un peu plus tard, publiée à New York par Eschling. En 1963, Cage lui même intégrant une équipe de dix pianistes en exécutions continues d’environ dix neuf heures, a présenté Vexations en première audition mondiale.

Depuis lors, je me suis aperçu que les personnes virtuellement intéressées par l’exécution de l’oeuvre se trouvaient radicalisées autour de deux positions très distinctes :

  1. Jouer 840 fois les motifs formulés dans la partition ne serait qu’une singulière proposition humoristique ou moqueuse du controversé compositeur.
  2. L’acte de jouer 840 fois devra être pris à la lettre – donc au nombre – ce qui, étant donné les différents critères interprétatifs, aura pour conséquence que la durée d’exécution de l’œuvre sera de 10 à plus de 40 heures continues.

 

Refusant les deux positions, j’ai décidé d’avancer vers un point de vue bien différent : le numéro 840 serait l’expression d’un symbolisme hermétique, où – uniquement par voie ésotérique – je pourrais trouver des réponses vraisemblables.

 

Les recherches ont été placées sur cette troisième hypothèse. De surcroit, Vexations ayant été écrite en 1893, elle appartient pleinement à la si déterminante période rosaCrucienne de l’Auteur. Cette hypothèse est, pour le moment, fortement renforcée par le fait que la même année 1893 succède à celle du début de la création de son « Église Métropolitaine d’Art de Jésus Conducteur », conçue et fondée sur les « textes officiels » que Satie a continué à écrire sur cette congrégation jusqu’en 1898.

 

Concentré sur une curiosité somnolente pendant vingt ans, il s’est agit, par conséquent, de trouver des réponses à trois noyaux d’inconnues capitales :

* Quelle est la signification occulte du nombre 840 ?

* Pourquoi composer un tel genre de musique ?

* Pour quelle fonction aurait été écrite une telle œuvre ?

 

Muni de dictionnaires et d’encyclopédies du symbolisme, de l’ésotérisme, de l’alchimie et du mysticisme (sur le marché mondial du livre au service d’initiables et d’initiés, de spécialistes et de curieux), passant par les domaines des mathématiques alchimiques et, nécessairement, par la lecture attentive d’Erik Satie, j’ai avancé avec « la meilleure des prudences méthodologique », par des pistes où certaines intuitions ont été des boussoles précieuses.

Dans le contexte de cette recherche il est cependant possible que quelques paralogismes (automatiques et, involontaires) aient été pris soit comme outils, soit comme méthodologies. Et, ne niant pas l’inconnu, nous aurons par ailleurs considéré les éventuels paralogismes comme des ingrédients du travail.

 

 

Cet essai traite de la décodification du nombre 840.

Celle ci nous envoie à l’établissement du mandala qui détermine les parcours symboliques de l’exécution musicale.

 

La décodification ici présentée a suivie les étapes suivantes :

 

  • – Le terme Rose Croix (dans son orthographie la plus correcte « Rose + Croix ») est à comprendre comme étant le septième et dernier degré ou Quatrième Ordre du rite maçonnique français, qui a pour symboles le pélican, la croix et la rose.

La confrérie Rose+Croix en France au début du 19eme siècle aurait, très convenablement,  le caractère mystérieux et nominatif de tout hermétisme. Il est probable que sa congrégation fut à la fois cabalistique, alchimiste et théosophique. Ses membres se prétendraient des magiciens, probablement pour déguiser leurs audaces de libres penseurs.

Reprenant de très anciens intérêts, l’un des domaines à persistante spéculation de nombreux roseCruciens a été, avec une très grande évidence, l’arithmétique alchimique, matière nommée numérologie par quelques studieux.

 

  • – Par la voie de jeux-calculs propre à un certain secteur de la Numérologie, si nous retirons par soustraction, les trois premiers impairs 135 du nombre formé par la progression inverse des trois derniers chiffres impairs 975, nous trouvons le nombre 840. Ce Fait semble ne « rien » révéler. Cependant, si l’on cherche la forme géométrique dans laquelle une telle soustraction est la conséquence d’une distribution des chiffres impairs, quelque chose de significatif se révèle – l’organisation formelle du Carré Chinois de base 3 :

 

 

2   9   4

7   5   3

6   1   8

 

 

  • – Par ailleurs, nous savons que la rose du symbole rosecrucien à 7 pétales en 7 couches. Sa signification primaire est le

 

  • – par l’association des éléments rose et croix du symbole roseCrucien, on été établis des points de croisement d’une quadrique carrée de 7×7 lignes, définissant une croix bi-symétrique dont les axes sont, de manière implicite, les médianes du carré. Sur ces médianes nous posons les médianes du Carré Chinois, connu aussi par Carré Magique.

 

 

+   +   +   +   +   +   +

+   +   +   9   +   +   +

+   +   +   +   +   +   +

+   7   +   5   +   3    +

+   +   +   +   +   +   +

+   +   +   1   +   +   +

+   +   +   +   +   +   +

 

 

  • – Ainsi attribuées à cette croix les propriétés de la croix implicite dans le Carré Magique cité – établi en 2205 A.C. par l’empereur Yu et connu comme le plus ancien et le plus simple de son espèce – les chiffres qui se trouvent dans son intérieur sont les impairs dont la distribution place le 9 en opposition au 1 sur le bras contraire de la croix et avec l’opposition identique du 7 au 3. Et, comme l’on peut constater, le 5 occupe la zone de croisement des bras de la croix. En réalisant la « soustraction alchimique » des bras et du corps central de la croix, nous aurons (9-1 = 8), (7-3 = 4), (5-5 = 0).

Ainsi, de manière typiquement roseCrucienne le nombre 840 indique-t-il, dans cette première phase de la recherche, la forme géométrique vers laquelle et sur laquelle nous devons désormais porter notre attention.

Par conséquent, nous concluons que Erik Satie a caché sous ce nombre la croix dans laquelle la relation espace-temps de sa composition musicale s’articule et se développe.

 

  • Identifiable dans l’aire carrée ci-dessus décrite, cette croix est définie par un périmètre de 24 points qui, additionnés aux 4×2 de l’intérieur de ses bras, complètent la somme de 32. Tel est le nombre des Voies de la Sagesse, dans la première partie de la Cabale .

La deuxième partie de la Cabale, appelée « Livre de la Création », constitue une collection de 19 œuvres. Tel est le nombre des figures de la notation musicale que Satie utilise pour écrire le thème de Vexations.

 

  • – Étant donné que dans l’interprétation métaphysique de Rose+Croix la rose à 7 pétales renvoie aux 7 cycles (du temps) et la croix aux 4 éléments (de l’espace), dans « l’interprétation symboliste » la rose nous renvoie, comme il a été dit, au secret où la croix symbolise le Karma, souffrance de dépuration.

En engrenant ces deux interprétations dans l’occultisme occidental, nous sommes amenés à un temps de parcours dans un espace d’apprentissage.

 

  • – Le mantra défini comme « instrument de penser » ou « propice à la méditation » est une formule rituelle vocale. En raison des caractéristiques répétitives de son « dodécaphonisme », Vexations peut être considérée comme un Par conséquent il a paru parfaitement cohérent d’appliquer un mouvement Largo – Largodendo – en attribuant le ci-dessus cité nombre 32 au mouvement métronométrique, exprimant ainsi numériquement le « très lent » indiqué par Satie.

En conséquence, le motif musical s’est présenté avec une durée d’environ 23 secondes. L’exécution du parcours cruciforme avec une durée proche de 13 minutes.

 

  • – Afin de déterminer dans cet essai l’exposition de la trame de significations liées entre elles du nombre 840, il faut se référer – une fois de plus – au fait qu’une telle expression numérique peut, dans le domaine de l’acoustique, être celle des vibrations simples à la seconde, correspondant au La bémol, la seule note musicale que Satie n’utilise pas dans la construction de son thème. Quelle en est la signification ?

 

Comme à titre compensatoire, penchons nous sur la construction syntactique patente dans le conseil – suggestion que Satie a fourni à un possible interprète : « Pour se jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par les immobilités sérieuses »… Laissant au lecteur le plaisir interprétatif des subtilités de la dérision contenues dans le sens « régulateur » de cet – unique et singulier – avertissement de l’Auteur.

 

Pour aider rappelons-nous que le mot fois en Français signifiant « nombre de fois »… Est aussi le pluriel de « foi ».

 

  • La Partition

 

  • – De la construction du thème

 

 

E    — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — 17  18  //

D#  — — — — 05 — — — — — 09 — — — — — — — 15

D   — — — — — — — 07 

C# — —  03 — — — — — — — — — — 11

C   01 ————————— 08 ———————————  l’axe de symétrie

B   — — — — — — — — — — — — — — — 13 — — — 16

Bb — — — 04

A   — 02

Ab — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —

G   — — — — — 06

Gb — — — — — — — — — — — 10 — — — — 14

F   — — — — — — — — — — — — — — 12

 

  1. Satie a conçu le thème avec 8 notes musicales au dessus et 8 au dessous du C4 (Do central). De cette manière devenue axe-de-symétrie, cette note est la première et la huitième à être jouée.
  2. En gras les durées des temps entiers (séminomes).

Remarquons ces alternances constructrices de la pulsation/phrase toujours dans les positionnements de 3 au dessus et 3 au dessous du Do central.

  1. Le signal // représente la pause de croche du final du Thème.

 

  • – De la construction des harmonisations

 

Observée par Anne Rey, la caractéristique de Vexations consiste en le fait que, complété par les deux harmonisations, le motif permet une sorte de carte du Zodiac des accords de sixte-mineurs, majeurs et augmentés –  et des accords de quarte augmentée ou de quinte diminuée, accords composés par trois sons ou le thème est la note la plus grave de l’accord.

Mentionnons que, dans la deuxième harmonisation, les troisièmes notes baissent d’une octave par rapport à la première harmonisation. Ce mode constructif de l’œuvre se révèle matière très efficace dans l’apparent immobilisme de l’évolution répétitive de l’œuvre, en acquérant, avant la lettre, les contours qui ont déterminé le caractère typique du nommé Minimalisme Répétitif.

Curieusement, avec une propriété parfaite, Vexations peut être également considérée comme un exemple du Dodécaphonisme sérial. Sans le recours aux procédés habituels du sérialisme, avec le rétrograde, l’inverse du rétrograde, etc.…, le thème de Satie est en fait une série dodécaphonique  – indéniable par la « faute » du La bémol.

 

 

  • Les quatre cellules de répétition.

VexationM1

  • – Du titre

 

Vexations : action de vexer, Vexer : tourmenter par un abus de pouvoir. Reculant jusqu’au racines latines, nous trouvons :

Vexabilis – chose qui afflige, mortifie, attriste. / Véxabilité – d’une manière douloureuse. / Vexatio, onis – l’agitation, le trouble. / Vexamen, inis (Lucréce) – chose qui agite, secoue, vexe. / Vexatus,a,um (Ovide) – chose agité, secouée ; (Cicéron) – chose maltraitée, vexée, molestée, persécutée, renversée, opprimée, tourmentée.

Vexations est considérée comme le premier de tout les intrigants, déconcertants et inattendus titre proposés par le compositeur, pendant et en dehors de la période dorée de ses intérêts ésotériques.

      Un titre aussi poignant pourra être expliqué par le drame sentimentale tendu et très perturbant que l’auteur a vécu avec Suzanne Valadon (peintre, ex trapéziste, alors déjà mère du futur Maurice Utrillo), drame rendu plus grave par les difficultés matérielles causes du changement de résidence de Satie pour « l’Armoire », aujourd’hui le musée le plus petit du monde. Toujours dans la même période émotionnellement déstabilisatrice de sa vie, la tentative ratée d’obtenir le poste, alors vacant, de professeur de l’Académie des Beaux-Arts et, l’année précédente,  le fait d’avoir été obligé de provoquer en duel le directeur de l’Opéra de Paris.

Cependant, si de telles explications sont satisfaisantes au point de vue des motivations, il semble aussi possible  que, le titre de l’œuvre puisse être l’étiquette d’une proposition psychothérapeutique à utiliser dans les moments de grandes épreuves et souffrances.

Rappelons nous qu’un mantra – mot directement dérivé du sanscrit – est la plus ancienne formule musicale thérapeutique que les spiritualistes aient découverte.

 

 

 

  • – Un Rituel dans le Labyrinthe

 

Nous nous apercevons qu’une présentation du mantra dans un espace scénique devra imposer un diagramme très soigné. Celui-ci, traducteur visuel de la matière étudiée, sera la structure servant d’appui à la rigueur de l’interprétation.

Un tel diagramme explicitera les parcours séquentiels dans l’espace cruciforme, respectant les 32 points de passage – entendu, dans l’esprit du révélé, comme espaces/parcours en labyrinthe. C’est à dire, d’une représentation de preuves initiatiques discriminatoires d’acheminement vers un « centre caché » – peut être le soi même de l’interprète musical.

Accomplir le passage par 32 points définissant une aire cruciforme bi-symétrique, lorsque 24 points se trouvent dans son périmètre et 8 à l’intérieur de ses 4 bras, cela impose un archétype gammé comme seul « carte » possible (l’autre n’étant que le symétrique du premier).

Dans l’iconographie de l’ancienne Égypte la croix ailée était le symbole d’immortalité de l’âme. Dans l’art indien elle était un symbole religieux du feu sacré, origine de la vie. On la trouve abondamment dans de très anciens objets de l’art scandinave. Le commun des mortels ne connaît cette croix  qu’en tant que symbole du national socialisme.

 

Cependant, au delà des significations attribués au symbole à travers chaque moment historique, ce qui importe dans le contexte de cette étude, consiste dans la nécessité de rendre explicite le mandala caché dont il est indispensable de comprendre la configuration.

 

03 — 04 — 05

 

02      07 — 06

 

29 — 30      01      08 — 09 — 10 — 11

 

28      31 — 32      00      16 — 15      12

 

27 — 26 — 25 — 24      17        14 — 13

 

22 — 23      18

 

21 — 20 — 19

 

 

 

 

  • – De l’univers du timbre. Sources de son établissement et de sa mise en ordre.

 

  • Vexations a été cataloguée comme « œuvre pour piano » et comme telle elle demeure, car les personnes intéressées n’ont pas imaginé que cette œuvre pourrait être conçue pour un autre Instrument. Pourtant au cours de notre recherche une autre hypothèse s’est progressivement enracinée en nous : Satie, roseCrucien assumé, aura « caché » sous la forme de « écrites-pour-piano » les possibilités dramatiques d’une poignante œuvre chorale.

 

 

 

RÉ-ANALYSONS LA PARTITION AUTOGRAPHIQUE :

  1. DANS L’ÉCRIT DU TEXTE DES INSTRUCTIONS
  2. DANS L’ÉCRIT DE LA COMPOSITION MUSICALE

 

 

 

  1. a) Prenant en compte la personnalité facétieuse et ironique de Satie, nous l’avons mise en rapport avec l’esprit secret propre aux roseCruciens…

Quand on recommande à un possible interprète instrumentiste « il sera bon de se préparer au préalable (…) par des immobilités sérieuses », ceci renvoie au pseudo Absurde (!?) que l’interprète instrumentiste n’arrivera pas à jouer.

Cependant – quel secret de Mage – les mêmes recommandations peuvent, avec une rigueur subtile, être respectées par un chœur.

C’est dans ces instructions – écrites par Satie et bien mises en évidence sur le côté droit, en haut de la partition autographique – que nous estimons se trouver la deuxième énigme à dé-s-occulter !

 

  1. b) L’écart est compris entre F3 et A5, région très confortable pour la voix humaine, même si elle n’est pas travaillée par le chant lyrique. Ceci a une très grande importance car ce fait permet des modulations du timbre avec les paramètres COMBIEN de voix ? + QUELLES voix ?+ QUAND de telles voix ? En effet, comme on le sait des différences subtiles dans la distribution des voix donnent des résultats raffinés bien connus de la bonne harmonisation du chœur.

 

Considérons deux exemples (voir le diagramme ci dessous et la partition SATB) :

 

  • Le thème est vocalisé en 1 par des baritons ; en 3 par des tenors et basses.

 

  • Dans la succession des quatre bras de la Croix, modulons les proportions d’utilisation de quatre Ô//O/Ó ; de A pour A/A ; etc. Quantifiant et localisant de telles proportions. Mais, précisément en accusant l’évolution – de – l’ouverture de manière à ce que la sonorité vocale, si sombre/lourde dans le premier bras soit différente dans le deuxième et troisième bras – milieu du parcours karmique – pour ensuite exprimer la libération/soulagement/joie dans le quatrième et dernier bras du Mandala.

 

  • – Par définition, un Mandala est une forme visuelle qui rend propice la concentration de l’attention dans la méditation. Le Mandala de Vexations a été, comme nous l’avons vu, défini par le nombre 840 une fois décodé.

Ce Mandala – la Croix formée par 32 points de passage – est constituée par la répétition – 8 fois –  de la succession des 4 moments proposés par Satie : 1 (Thème) + 2 (harmonisation Haute) + 3 (thème) + 4 (harmonisation basse). Chaque bras de la Croix est ainsi constitué par deux unités 12341234.

 

Afin d’aider l’orientation spatio-temporelle des chanteurs et simultanément enrichir la résultante musicale, on peut suggérer les interventions instrumentales suivantes :

  • Cloche ou début des moments 3! et 1!
  • Violoncelle, doublant ou remplaçant la voix de la basse, au moments 3v et 4v
  • Gong Feng dans les moments 4* du final de chaque bras de la croix.
  • Gong Paiste au dernier moment 3* formant le final avec le dernier 4v*

 

 

 

 

 

                                                                        3!      4              1!

 

                                    2       3v     2

 

                     1!     2       1       4v*   1       2       3!

 

                     4      3v*   4v*   0       4v*   3v     4

 

                     3!            2       1      4v*    1      2            1!

 

                                    2      3v      2

 

                                    1!     4        3!

 

 

 

 

 

  • – Des (quelques) conclusions

De l’objectivation musico théâtrale des subjectivismes.

 

  • – Quand, en 1984, j’ai pris le premier contact avec l’écoute vinyle de Vexations, je n’aurais pas pu supposer que les complexes mécanismes de l’inconscient (vitaminé comme il faut) et de l’intuition (finement lubrifié) me conduiraient, vingt ans plus tard, au résultat que cet Essai finit par présenter.

 

Sans propension pour les recherches archéo-musicologiques, il semble opportun de révéler ici que seule une sensibilité musicale particulière, en résonnance avec une certaine esthétique, a pu servir soit de moteur soit de combustible à cet Essai. Peut être encore, essentiellement, « a very special device » : un mélange (peut être) insolite mais assez efficient, de boussole + carte + pendule. Et, en ce qui concerne ce dernier, une antenne – simultanée dans une radiesthésie musicale et dans les réverbérations d’un Esoterik Satie (surnom dont je ne me rappelle pas l’auteur).

 

En essayant de considérer comme terminé ce travail de recherche, je reconnais, avec un grand étonnement (une certaine émotion) que les réponses trouvées – les directes, les indirectes, les dicibles et les indicibles – seront des échos…

Elles seront, aussi, des myriades de chemins et de pistes progressivement trouvées. Sans pour autant avoir été cherchées. Des échos, chemins et pistes que la mémoire fouille sans leur avoir trouvé les origines ou bien ce qui aurait pu être désigné comme leurs raisons d’être.

Adorno nous aurait-il murmuré un tant soit peu de quelque chose ? Quels vagues souffles de Heidegger nous aurons traverssé ? Quels petits cristaux pointus de Wittgenstein aurons nous retenus ?

Indubitablement, surtout, certains échos de longue réverbération de Esoterik Satie.

 

 

  • « Toute la vérité est dans l’instinct et nous sommes trompés par la connaissance : c’est la grande leçon de Satie » a observé le compositeur catalan Frederico Mompu (cité par Ornela Volta dans son étude sur Le Piège de la Méduse, œuvre de Satie de 1913).

 

« Nous pouvons affirmer avec Barbara Ferrel-Hill que la musique d’Erik Satie était sans doute la seule – ou du moins la première –  à explorer et à représenter la partie du psychisme où il existe des pulsions qui ne sont ni contrôlées par la raison, ni par la conscience, partie définie en français par « Ça », « It » en anglais et « Es » en allemand. Avec la chance de notre coté on pourra enregistrer que ce mot, ainsi que Freud lui-même l’a fait remarquer en 1923, correspond au sigle composé par les initiales ES que si souvent, Erik Satie a utilisées » (cité par Ornela Volta, même source).

Ne s’agirait il que de curiosité et coïncidence si ES est le sigle de l’auteur de ce travail ?

 

  • – Il se peut que le lecteur soit amené à penser que Vexations ne soit pas, à proprement parler une œuvre musicale créée « pour être écoutée ». En tant que pièce de musique, elle est une proposition sonore qui contient la structure et les ingrédients d’exécution pour le profit égocentrique de (des) son (ses) interprète(s)… On comprendra – et ce sera éclairci – qu’un Mantra n’existe par pour être écouté, mais plutôt pour être dit, puisque sa raison d’être se trouve dans le

Par conséquent, il paraitra paradoxal de proposer comme résultat de cet Essai, plus qu’un concert, un spectacle rituel qui présentera au public, en synchronie le dire de chaque interprète. Ainsi que toute une ambiance visuelle inhérente à l’explicitation de cette œuvre singulière d’Erik Satie.

 

 

Là, geste inspiré de Muse, il nous rappelle les invitations des maitres ZEN à faire des expériences de « écouter avec les yeux » associées à « voir avec l’ouïe ».

Manière de dire où une Liturgie (aussi) sonore explicite le Labyrinthe du Mandala comme cela á été montré en 5.2.

 

 

 

  • – La partition SATB

 

 

 

 

 

 

moment 1

 

 

VexationM2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

moment 2

 

VexationM3

 

 

moment 3

 

VexationM4

 

moment 4

 

VexationM5

 

© Eduardo Sérgio  2004

rubbatto.ensemble@gmail.com

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