Interview de Jean-Jacques Sempé par P. DELAROCHE & P. ORY
Erik Satie ?
J’adore. Il y a deux jours, j’ai écouté une pièce de Satie. C’est incroyable : dire que ce petit monsieur avec ses lorgnions à composé cette musique que je trouve, moi, très profonde, très d’avant-garde, que ce petit monsieur à témoigner d’autant de profondeur, d’autant de sensibilité, et que ça nous vient d’un temps si lointain. Je l’imagine, partant à pied d’Arcueil… J’ai connu le compositeur Georges Auric. Il m’a raconté que, enfant il avait adressé une lettre* à Erik Satie. «J’aime beaucoup votre musique», lui avait-il écrit. «Si vous venez un jour boulevard des Batignolles, rendez-moi visite ; ça me ferait très plaisir, mais venez plutôt un jeudi».
Ayant passé son enfance en Normandie comme Satie, le peintre cubiste Georges Braque partage une profonde amitié avec le compositeur de plus de 16 ans son ainé. Satie déjeune chaque semaine chez Braque et lui confie plusieurs tableaux qui seront des sources d’inspiration pour le musicien pendant la composition de Socrate.
Le pianiste Nicolas Horvath qui a déjà remporté onze concours internationaux aime Erik Satie, on le sait pour l’avoir plusieurs fois citer ici pour son engagement et sa générosité.
Cette fois il interprètera l’œuvre pianistique intégrale d’Erik Satie en 5 concerts d’une heure : à 16h, 17h, 18h, 19h et 20h, le samedi 3 décembre, au Théâtre Municipal de Perpignan
C’est un immeuble de 32 logements mais on l’appelle « la maison aux quatre cheminées ». Au 34 de la rue Cauchy, à Arcueil, ce bâtiment vétuste s’apprête à connaître une profonde réhabilitation (voire encadré). Un immeuble comme tant d’autres s’il n’avait été, pendant près de trente ans, l’antre de l’illustre musicien Erik Satie Lorsqu’il arrive, en 1898, dans ce quartier ouvrier, le pianiste a déjà composé ses premières « Ogives », ses « Gymnopédies » et ses « Gnossiennes » qui l’ont rendu célèbre. Pourtant, à 32 ans, Erik Satie est pauvre et n’a plus les moyens de vivre à Montmartre. Le studio qu’il choisit dans l’immeuble de la rue Cauchy, précédemment occupé par un clochard, ne comporte ni eau ni éclairage. Il s’est beaucoup investi pour les enfants D’abord taciturne, voire méprisant à l’égard des populations qui l’entourent, Erik Satie finit par s’investir dans la vie de la commune. Il participe à la création de la société historique, les Amis du vieil Arcueil, tient la rubrique des associations dans le journal socialiste « l’Avenir d’Arcueil-Cachan » et lance même une association pour les habitants qui partagent ses origines normandes. Mais son principal engagement sera pour les enfants. Il aide ainsi à la fondation du patronage laïc, qu’il anime à partir de 1908. Il y crée différents ateliers, souvent en rapport avec la musique. Il meurt et sera enterré à Arcueil début juillet 1925. Sa tombe est encore un lieu de pèlerinage pour ses admirateurs. A la mort du musicien, lorsqu’ils pénétrèrent dans son studio (auquel Satie refusait l’accès à quiconque), ses amis prennent conscience du grand dénuement dans lequel il vécut. Sur les façades grisâtres du bâtiment, une plaque rappelle le passage de ce célèbre locataire.
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