Quels interprètes écouter ? Catherine Marchese & Emile Naoumoff

Exercice périlleux que celui que je me propose de vous faire découvrir : un petit bijou, qui devrait, de prime abord et à n’en pas douter, faire hurler les puristes que nous sommes.

La pépite en question : Transcriptions pour piano et basson par Catherine Marchese – Basson- & Emile Naoumoff – Piano. Edition Saphir.
Gymnopédies – Gnossiennes – Six pièces froides – Sport et divertissements.

Pourquoi ce choix ? D’abord pour deux raisons très techniques : la prise de son est cristalline et les tempos sont respectés (que de misère à entendre les Gymnopédies et les Gnossiennes jouées à des tempos trop rapides ou trop lents ! Signe que certains interprètes n’ont pas écouté le ressac des vagues vers Honfleur.
Ensuite pour une raison tenant de la physique Satienne, chère à notre ami d’Arcueil sensible au pesage des sons (est-il nécessaire d’y revenir ?). Je m’explique : depuis les travaux de Pierre Schaeffer au service de la recherche du temps de l’ORTF, on sait maintenant qu’un son dénué de son attaque (c’est à dire le petit son percussif au tout début d’une note de piano) détermine notre capacité à identifier un instrument. Pierre Schaeffer a, par exemple, démontré qu’en supprimant artificiellement l’attaque d’un piano par des bidouillages électroniques que seul lui pouvait oser à l’époque des années 50 (on appréciera l’aspect expérimental du personnage qui n’aurait pas déplu au bon monsieur d’Arcueil) l’instrument se muait alors en un étrange instrument à attaque douce, hybride de la clarinette et du violon. Pour avoir testé moi-même ces bricolages audios et d’en constater les résultats si étonnants, je me mis à rêver un jour de l’interprétation des pièces de piano du promoteur de l’Auberge du pot rouge à la clarinette. Non Pas l’affreuse clarinette hystérique de Jazz, mais la langoureuse, celle capable de reproduire la danse du varech dans les remous lents de la mer montante.
Prière exaucée avec une délicatesse infinie que celle de Catherine Marchese au basson : il ne reste de la sonorité des thèmes principaux qu’un élixir doux, sensuel, sucré. Le basson est en définitive le meilleur choix que la clarinette : ce dernier gagnant en rondeur et en force (instrument à anche double) sur la clarinette (anche simple).
On sent là une interprétation amoureuse des thèmes de Satie (Catherine, Y êtes-vous?).
J’ajoute que cet opus, édité en 1999, découvert récemment en écoute en voiture le long de la ligne Honfleur-Deauville est, pour ma part digne de figurer dans le cabinet des curiosités (donc rare) de la maison Satie.
Voici un Satie distillé, comme un très bon alcool comme l’aimerait notre comptable aux vestes Vermeil. Etre puriste passe aussi par l’appréciation d’élixirs. Ils sont rares, s’en est un.

Negyxo

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1 réflexion au sujet de « Quels interprètes écouter ? Catherine Marchese & Emile Naoumoff »

  1. Bonjour,
    Je voudrais vous signaler un CD que j’ai édité personnellement avec mes interprétations d’Erik Satie. J’aimerais vous le faire connaître et avoir votre avis sur mes interprétations qui ont été (ceci dit au passage) fort appréciées par Mme Ornella Volta.
    Voici le contenu du CD
    1ère Gymnopédie / 1ère Ogive / Prélude de la Porte Héroïque du Ciel /3ème Sarabande /1èreGnossienne/
    Sports & Divertissements
    3 Embryons desséchés : d’Holothurie, de Podophthalma , d’ Edriophthalma/
    Croquis & Agaceries d’un gros bonhomme en bois : Tyrolienne Turque, Danse Maigre, Espanana
    Voici une vidéo publique où vous pourrez déjà voir des extraits d’un spectacle que j’ai monté avec un comédien autour de Satie.
    http://youtu.be/WrCYGc03dqA
    FANNY TRAN

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