Satie par Francis Poulenc

 

(…) Erik Satie jouait très rarement du piano. A peine l’ai-je entendu deux ou trois fois, accompagner quelques-unes de ses mélodies et encore, jusqu’au dernier moment, il essayait de s’y soustraire. Le plus souvent, Ricardo Vines, Marcelle Meyer, Auric ou moi-même lui rendions ce service.

Après sa mort, l’état dans lequel on a retrouvé son piano, acheté depuis par Braque, prouve que Satie, toute sa vie étant mystère, ait essayé ses précieuses pièces, sur un piano inconnu d’Arcueil, ce que, à vrai dire, je ne crois guère. (…)

Cependant, je le répète, de même que Satie empruntait parfois, le matin, le cabinet de toilette de Jean Cocteau pour se tailler la barbe, il est fort possible que, se trouvant chez des amis, il ait demandé à s’approcher du piano pour voir, cinq minutes, quelque chose comme il l’a fait plusieurs fois chez moi.

Toujours est-il que Satie avait un sens inné de l’instrument.

Alors que tant de compositeurs, même célèbres, ont trop souvent tendance à considérer le piano comme un pis-aller, capable de tout encaisser, Satie, minutieux pour toutes choses, savait exactement ce qu’il convient au clavier.(…)

Francis Poulenc « La musique de piano d’Erik Satie », 

Extrait de La Nouvelle Revue Française, n°214, juin 1952 (p.23-26)


Merci à Pierre Charvet qui évoque sur France Musique le 20/01/12 un article que Poulenc a écrit pour La Revue Musicale.

 

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